dimanche 21 août 2011

Vieillesse

Absorbée par...le long tête à tête avec le temps qui occupait toutes ses journées et toutes ses nuits, son esprit mobilisé afin de soutenir l'épreuve de cette durée vide devant laquelle elle se trouvait sans répit, les heures aussi longues que les années, les années aussi brèves que des heures, accomplissant seule ce travail de force, physique et mental qui est la grande entreprise méconnue à laquelle se voue la vieillesse livrée, désoeuvrée, au vertige vain du temps qui ne passe plus et s'évanouit pourtant.
Vivante donc, Inexplicablement.
....assistant au spectacle d'un monde où tout se fanait autour d'elle, tous les liens qui l'unissaient aux autres se trouvant distendus et cédant successivement, la laissant flotter pour finir dans une sorte de néant immobile. Et je me demandais quel courage ou bien quel aveuglement il lui fallait alors, à elle, à moi, à tous les vivants, pour endurer jusqu'au bout, et malgré la rétribution du bonheur, la diversion du plaisir, l'épreuve vaine du temps.
Philippe Forest. Le siècle des nuages. Gallimard 2010. p: 546 et 552

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Visiteurs du site