Querelle de mots? Non, je crois que leur sens, bien que proches, ne sont pas analogues, et que la pensée gagne à les différencier. En ce qui me concerne, j'utilise le terme "douleur" pour nommer ce qui brutalise le corps et l'âme au point de les figer dans le silence ou la plainte. La douleur est malheur, solitude et répétition. Qu'elle vrille le corps ou déchire le coeur, qu'elle surgisse ou s'installe, elle se referme sur nous et nous referme sur elle; elle isole, elle occupe toute la place, elle réduit la pensée et vide l'espace relationnel. Elle emprisonne dans un étau sans pitié le corps entier et l'âme avec, imposant sa seule présence, sa seule force, sa seule réalité....
La souffrance, quant à elle, est une forme évoluée de la douleur. Elle fait s'ouvrir à soi-même et aux autres.
.... La douleur se tait ou crie ou geint. La souffrance se parle, s'exprime...
Aucun pardon... qu'il soit accordé, refusé ou retardé, ne peut se construire dans le déni de la souffrance, pas plus qu'il ne peut se penser dans la douleur.
Maryse Vaillant: Pardonner à ses parents. Pocket Evolution 2001.p:117-118
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