vendredi 25 juillet 2014

Sonnet à Marie

Je vous envoie un bouquet que ma main
Vient de trier de ces fleurs épanies;
Qui ne les eût à ce vêpre cueillies,
Chutes à terre elles fussent demain.

Cela vous soit un exemple certain 
que vos beautés, bien qu'elles soient fleuries,
En peu de temps cherront toutes flétries,
Et comme fleurs, périront tout soudain.

Le temps, s'en va, le temps s'en va, ma dame;
Las! le temps, non, mais nous nous en allons,
Et tôt seront étendus sous la lame;

Et des amours desquelles nous parlons,
Quand serons morts, n'en sera plus nouvelle.
Pour, c'aimez-moi cependant qu'êtes belle.

Ronsard


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